Moisson 2020 : les premières tendances

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Analyse de Sylvain Jaouen, Acheteur blés de meunerie pour Grands Moulins de Paris

Affectée par les précipitations abondantes à l’automne et par la sécheresse printanière, la campagne 2020 marque nettement le pas, après la récolte record de l’an dernier. Selon les estimations, au 1er juillet 2020, du ministère de l’Agriculture, la production de blé tendre atteindrait ainsi 31,3 millions de tonnes (Mt), deuxième plus faible récolte depuis 2004 après celle catastrophique de 2016. Le rendement moyen est estimé à 7,1 tonne par hectare (baisse de 0.8 t/ha par rapport à 2019) et masque de très  fortes disparités générées par les contraintes climatiques,  la qualité des sols (superficiels ou profonds et  températures), les différents précédents culturaux et les possibilités techniques de conduite de parcelle.

Un cru très décevant pour nos agriculteurs  pour qui la moisson se déroule sans empressement avec une ligne de front qui remonte du Sud vers le Nord, un secteur Sud-Ouest anormalement tardif (retardé par les pluies de fin de printemps)  et quelques arrêts pour attendre la pleine maturité des grains (3 jours en Ile de France semaine dernière) sans conséquences sur la qualité. Au 20 juillet, les opérations de moisson, pratiquement terminées au sud de l’Ile de France, se déroulent désormais au nord d’un ligne allant de la Mayenne à la Marne (30% d’avancement) avec de meilleurs résultats de rendement, comme attendu, en contrepartie de plus faibles taux de protéines.

Les baisses de production les plus notables concernent donc l’Aquitaine, le Poitou Charente et les Pays de la Loire (de -50% à -30%). Cette campagne pourrait virer au cauchemar pour certains céréaliculteurs si la très bonne moisson mondiale devait faire pression à la baisse sur les prix français, avec une exposition toutefois relative au regard des faibles quantités disponibles à l’exportation cette année.

Pour les meuniers, la nouvelle campagne s’annonce également technique. Rassurés par des teneurs en mycotoxines historiquement basses, l’essentiel du travail résidera dans l’allottement de lots de blés meuniers homogènes avec une moisson très hétérogène tant en protéines (de 10.5% à 13% pour une cible à 11.5%) qu’en qualité physique de grain. Quelques doutes et inquiétudes subsistent encore sur la ressource en blés spéciaux et filières, qui ne pourront être levés qu’à l’inventaire final des silos de blés. Certaines variétés de blé ont très bien répondu à leur pilotage alors que d’autres ont beaucoup déçu. Néanmoins, les premières panifications révèlent d’assez bons résultats, encourageants en terme de rhéologie des pâtes et développement des pains. Les moulins ont donc commencé à incorporer sereinement les nouveaux blés sur plusieurs qualités de  farines. Encore une fois , le partenariat entre nos moulins avec les meilleurs organismes stockeurs de chaque région sera déterminant pour la réussite de cette campagne.

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