Moisson 2020 : bilan de la récolte

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Analyse d’Alexandre MARIE, directeur des marchés Groupe Vivescia

La récolte de blé français s’inscrit pour la troisième fois de son histoire sur un niveau extrêmement faible : les pluies de l’automne auront eu raison de la surface qui décroît de près de 10% par rapport à la récolte 2019. L’automne très humide, localement l’équivalent d’une année et demie de précipitations s’est abattu sur des cultures chétives, aura largement pénalisé l’enracinement. La douceur de l’hiver a permis aux pucerons et autres ravageurs de faire pression sur les cultures. C’est finalement un printemps très sec, près d’un mois et demi sans pluie, qui aura eu raison du rendement. Fort heureusement, le mois de juin plus frais et légèrement humide aura permis de sauver les meubles. La production françaises de blé avoisinerait les 29MT (de nouvelles révisions en baisse des surfaces par Agreste seraient à l’ordre du jour, base déclaration PAC). Pour information la moyenne quinquennale se situe à 35,6  MT.

Les rendements sont extrêmement hétérogènes, du simple au triple ! L’ouest de la France en dessous de la Seine est bien souvent compris entre -15 et -25% de rendement par rapport à la moyenne. Le Centre ne se démarque pas avec près de -10/-15%. Le Centre Est est dans cette lignée également, voire un peu mieux plus on tend vers les plaines de l’Aube ou du nord de la Bourgogne. Il faudra passer au-dessus de la Seine et de la Marne pour retrouver des rendements proches des moyennes quinquennales. Le bassin Parisien nord, la Normandie, la Champagne crayeuse et les Ardennes ressortent proches des moyennes avec encore une fois un écart type spectaculaire : de 30 à 110 q/ha par exemple dans la Marne.

Le printemps sec et le ralentissement de la maturité en juin auront permis de préserver les qualités sanitaires et de favoriser les Poids Spécifiques qui sont relativement lourds cette année. La teneur en protéine est hétérogène également, dictée par les conduites culturales (lessivage de l’hiver en raison des pluies) et les rendements finaux, de 10 à 13% en blé tendre panifiable. Les premiers tests de farine indiquent une bonne extensibilité de la pâte grâce à un bon rapport P/L. Les forces boulangères et indices de Hagberg sont préservés.

La qualité du blé français et le travail du grain des organismes stockeurs devraient permettre de satisfaire la demande. L’offre, réduite d’un quart par rapport à la normale, devra être sécurisée en bonne intelligence par l’industrie car la demande à l’importation de la Chine reste active. Sur les 29/30 millions de tonnes produits, la moitié est nécessaire pour la demande domestique, le reste pour les débouchés d’exportations intracommunautaires et vers les pays tiers. Si la demande du vieux continent devrait être faible : excellente production en péninsule Ibérique, moyenne en Italie et excellente en Baltique, il faudra tout de même rationner les exportations vers le Maghreb. Pour le moment, la demande soutenue de la Chine, affermissant les primes portuaires et déconnectant le marché de nos destinations préférées, permet de rationner les ventes de blé français. Il faudra cette année compter sur l’origine Argentine pour satisfaire les besoins du Maghreb en seconde partie de campagne tandis que l’Allemagne et la région balte s’installent sur les premiers mois vers l’Algérie.

 

La récolte 2020 présente une bonne qualité panifiable

Nous observons de beaux lissages des pâtes, plus rapides que la récolte précédente. Les temps de pétrissage pourront ainsi éventuellement être adaptés afin de limiter le surpétrissage. Les blés sont globalement plus extensibles au façonnage et présentent moins d’élasticité. L’activité fermentaire des pâtes est supérieure avec les blés nouveaux. Il faudra donc être vigilant à limiter les excès de fermentation. Les pains obtenus à l’issue de la panification sont très beaux.
Le travail de nos experts, en partenariat avec les coopératives dans la sélection des meilleures variétés nous permet, jusque-là, de garantir des farines d’excellente qualité et d’être optimiste pour cette nouvelle récolte. Nous intégrons progressivement ces blés nouveaux dans nos maquettes afin de garantir la stabilité de nos farines et ainsi assurer les meilleurs résultats pour nos clients.

Adrien Louveau, Chef de Projets Développements Innovations Produits

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